La guerre du Whisky by Elmore Leonard

Auteur:Elmore Leonard [Leonard, Elmore]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Américaine, Rivages/Noir, policier, Lu, Fait maison
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 1968-12-31T23:00:00+00:00

7

Cinq jours après la visite du Dr Taulbee, E. J. Royce se rendit dans le vallon pour raconter à Sonny qu’il y avait eu une descente chez les Worthman.

Ces salauds encostumés étaient venus sans prévenir en plein milieu de la nuit, ils avaient emporté tout l’alcool qu’ils avaient pu trouver, ils avaient cassé l’alambic à la hache et tiré sur l’oncle Jim Bob Worthman, sorti avec un fusil qui n’était même pas chargé. La balle lui avait traversé le cou.

Monsieur Baylor avait envoyé E. J. dire à Sonny de se rendre chez les Worthman, parce que c’était son vieux copain de l’armée, Frank Long, qui avait mené cette descente, Virgil Worthman était prêt à en faire le serment devant le tribunal. Sonny avait dit à E. J. Royce : Quel tribunal ? Et E. J. avait répondu : Il veut que tu y ailles, c’est tout, parce que personne ne sait ce qu’il faut faire. Ils n’avaient plus de distillerie, tout avait été réduit en morceaux. Et l’oncle Jim Bob avait un gros trou dans la gorge, devant et derrière, il ne pourrait sans doute jamais plus parler. S’il survivait.

La ferme des Worthman se trouvait à moins de quatre kilomètres à vol d’oiseau, mais, par la route, il fallait compter plus de sept kilomètres. En chemin, E. J. rapporta à Sonny tout ce qu’il savait sur la descente, ce qui n’était pas grand-chose. Monsieur Baylor lui avait dit de partir à peine quelques minutes après que tout le monde fut arrivé. Et d’autres encore continuaient de venir, expliqua E. J., depuis qu’ils avaient appris la nouvelle. Chez les Worthman, on avait l’impression de se retrouver au milieu d’une réunion de famille. Une bonne dizaine de voitures et de camionnettes stationnaient dans la cour, et tout un tas de gosses escaladaient les véhicules. Les adultes, surtout des hommes, se tenaient en demi-cercle et regardaient tous la voiture de E. J. qui faisait son apparition. Ils les saluèrent d’un hochement de tête. Personne ne disait rien. Ils avaient des expressions graves sur le visage, et ceux qui se trouvaient dans la cour devant la véranda s’écartèrent pour laisser passer Sonny, qui entra dans la maison.

Il vit tout d’abord Kay Lyons, qui n’était sans doute pas revenue ici depuis son enfance. Elle aidait sa tante, madame Worthman, qui mettait des tasses, des cuillères et du sucre sur la table autour de laquelle étaient assis monsieur Worthman, monsieur et Virgil Stamper, monsieur Blackwell et monsieur Baylor. Ils relevèrent la tête, mais ce fut Bud Blackwell, assis dans un fauteuil à bascule appuyé contre le mur, au fond, les jambes croisées devant lui avec ses bottes à talon, qui dit bonjour à Sonny.

« Tu vois, Sonny, dit-il, ton vieux copain était là, la nuit dernière. »

Il était détendu, paraissait content de lui.

Mais Sonny n’allait pas s’embêter avec Bud Blackwell pour le moment. Il ne quittait pas des yeux monsieur Worthman, dans sa salopette et sa vieille veste, la chemise boutonnée jusqu’en haut, il avait vécu

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